search

Accueil > Italien > Actualités > informations générales > Nouvelles fresques à Rome

Nouvelles fresques à Rome

jeudi 14 décembre 2006

Des fresques découvertes à Rome bouleversent l’histoire de l’art italien

La restauration du cloître des Quatre-Saints-Couronnés a permis de
mettre au jour des oeuvres exceptionnelles du XIIIe siècle

Pour les spécialistes, ce n’est rien moins qu’une " chapelle Sixtine
médiévale " qui a été découverte, au hasard de travaux de
restauration, au coeur du monastère des Quatre-Saints-Couronnés, à
Rome. Connu pour son cloître et les fresques naïves de sa chapelle
Saint-Sylvestre, ce complexe architectural aux allures de forteresse
peut désormais prétendre, selon Francesco Rutelli, ministre italien de
la culture, au rang de " l’un des plus beaux lieux au monde ".

Selon lui, le cycle de fresques du début du XIIIe siècle, mis au jour
dans l’une de ses salles, l’Aula gotica, et présenté pour la première
fois le 6 décembre, " éclaire d’un jour nouveau la peinture médiévale
italienne ".

Les fresques, qui recouvrent sur 335 m2 les parois et les voûtes de la
salle, représentent les mois, les saisons, les vices et les vertus,
mais aussi le zodiaque, les constellations et les vents. Une
iconographie allégorique type encyclopédique qui n’exclut pas le
message politique puisque, d’après les spécialistes, ce cycle
exalterait la primauté du pape sur l’empereur Frédéric II.

Mais c’est surtout sur le plan artistique que ces fresques, aux riches
couleurs bleu, vert et pourpre soulignées d’or, sont
exceptionnelles.Il a fallu neuf ans de travail à l’équipe de
restaurateurs, dirigée par Andreina Draghi, pour en révéler la
splendeur, cachée depuis plusieurs siècles sous 830 m2 d’enduit et de
faux marbre. Cette spécialiste avait eu l’intuition de leur présence
dès 1989, à l’occasion de précédents travaux dans le monastère.

Peintes entre 1230 et 1250, " elles comblent un grand vide, explique
l’historien d’art Francesco Gandolfo, car elles ont été réalisées à
une époque où les équipes extraordinaires qui travaillaient à Subiaco
et à Anagni ne semblaient pas l’avoir fait à Rome ". La découverte
permet de corriger l’histoire de la peinture qui, depuis Giorgio
Vasari, faisait de Rome un simple satellite de Florence : " On savait
que le XIIIe siècle parlait toscan, la langue de Cimabue et de Giotto,
mais avec la découverte de ce cycle, la balance se rééquilibre en
faveur de Rome. On lit son rôle historique à Assise, concentré des
idées florentines et romaines ", estime l’historien.

Pour lui, il n’y a plus de doute : " Nous savons maintenant pourquoi
Cimabue est venu à Rome en 1272. " Le public pourra découvrir le
chef-d’oeuvre à partir de mars 2007, quand le lieu, sous la
responsabilité des soeurs augustines, ouvrira ses portes, deux fois
par semaine et sur rendez-vous. Un catalogue de 400 photos, édité par
Skira grâce au mécénat de la banque Dexia Crediop, sera mis en vente.

Jean-Jacques Bozonnet

© Le Monde 14 12 2006