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Interview de Jean BIGOT

vendredi 29 juillet 2011, par Jean-Olivier SAIZ


e pharmacien nîmois à la retraite possède une impressionnante collection de livres consacrés à la civilisation Aztèque et aux Codex précolombiens. Il nous reçoit chez lui pour nous faire découvrir sa bibliothèque riche de 1200 ouvrages rares, la plupart réservés à un public de bibliophiles avertis, collectionneurs spécialisés ou chercheurs universitaires. Interview.

Jean Olivier SAIZ : D’où te vient cette passion ? Comment devient-on collectionneur de Codex ?

Jean BIGOT : Le déclic a été pour moi la découverte en 1970 de la fameuse stèle de la tombe du roi Pakal située à Palenque. A l’époque, je suis passionné par les OVNIS, la Science-Fiction... Je viens de lire « Le matin des magiciens » de Louis PAUWELS et je veux en savoir plus sur cet incroyable bas-relief maya. Ensuite, je commence à m’intéresser à la « Piedra del sol » et dans la foulée, j’achète le codex Mendoza à la librairie Sauramps de Montpellier. C’est le début d’une passion qui va durer 25 ans !

C’est comme ça que tu as fait la connaissance de Jacqueline de DURAND-FOREST ?

J.B : C’est exact. J’ai commencé à faire des recherches sur le bas-relief de la tombe du roi Pakal, sur la ville de Tikal et le monde maya... J’ai contacté Jacqueline pour connaître son avis sur ces sujets. J’étais surtout très intrigué par la première page du Codex Fejérvary-Mayer qui représente les quatre points cardinaux guidant les « pochtecas » ou marchands aztèques. Jacqueline a répondu à toutes mes questions, c’est quelqu’un de très gentil et de très accessible. Nous avons eu une conversation de 2h au téléphone !

Tes études te prédisposaient-elles à un intérêt pour les codex ?

J.B. : Je voulais faire ma thèse de doctorat sur la pharmacopée aztèque, et notamment sur le Codex Badianus, mais mon directeur de thèse est décédé entretemps. Mais je ne désespère pas de m’y remettre un jour ! J’ai bien envie de reprendre mes études à la fac.

Quel est ton codex préféré, celui dont tu es le plus fier ?

J.B : Le Codex Borbonicus, évidemment, acheté directement auprès du « Fondo de Cultura Económica » à Mexico et payé à l’époque 1.700 Francs. (note : il coûte aujourd’hui près du triple, soit dans les 700 EUR). Il me fascine par sa richesse, sa complexité, notamment son étonnant bestiaire d’oiseaux. Je tiens aussi beaucoup à mon exemplaire de la « Historia Tolteca Chichimeca », que j’ai fait réparer par un artisan local, car la reliure était abîmée.

Quel est le codex qui manque à ta collection ? Le plus difficile à obtenir ?

J.B : Le Codex Veitia, sans aucun doute. Outre le fait qu’il est très rare, il coûte entre 1500 et 2000 EUR sur le marché de l’occasion ! C’est très onéreux, même pour un fac-similé.

Des anecdotes en rapport à ta collection ?

J.B : C’est une passion que je déconseille car elle coûte extrêmement cher ! Ma femme m’a fait signer un papier dans lequel je m’engage à ne pas acheter de codex faisant plus de mille euros… mais on trouve toujours le moyen de s’arranger (sourires) ! C’est d’ailleurs une des raisons qui m’ont poussé à numériser moi-même des centaines de pages de codex. Cela me permet de les conserver sous forme de DVD, plus accessibles et faciles à étudier. Mais j’ai aussi passé beaucoup de temps à les imprimer en couleur, et je ne compte plus le nombres de cartouches d’encre utilisées !

Qu’est-ce qui te fascine autant dans ces ouvrages ?

J.B : Je suis attiré tout d’abord par le graphisme, la beauté de ces pages enluminées. Ensuite je trouve le décompte des jours très intéressant. Les Aztèques avaient un double calendrier : le « Xiuhpohualli », un calendrier solaire de 365 jours, faisant office de calendrier civil et le « Tonalpohualli », calendrier divinatoire de 260 jours composé de 20 périodes de treize jours. Chaque treizaine était dédiée à des divinités particulières et correspondait à un symbole, par exemple : « tochtli », le lapin... qui est aussi mon email et mon pseudo sur les forums Internet ! Je trouve que pour l’époque, les Aztèques avaient des connaissances astronomiques très précises, héritées des Mayas !

Que penses-tu du livre « Azteca » de Gary JENNINGS ?

J.B : Je l’ai lu 3 ou 4 fois, mais j’ai aussi tous ses autres livres. J’ai été tout de suite captivé par l’histoire, notamment le passage où un ouvrier se fait mortellement écraser par une pierre dans une carrière… Il a un style très visuel ! Il m’a permis de mieux comprendre cette civilisation. Mais j’ai aussi un attachement intellectuel au peuple Aztèque. Je les trouve très touchants. Certes, les sacrifices humains peuvent sembler cruels aux yeux des occidentaux, mais ils étaient aussi pleins d’humanité, de gentillesse et de naïveté, c’est d’ailleurs ce qui les a perdu. Les écrits de Las Casas ou de spécialistes commes Jacques Soustelle me font défendre bec et ongles le peuple aztèque. Je fais d’ailleurs partie de l’ « Association pour la libération du peuple Aztèque »

Pour finir, as-tu d’autres projets en rapport avec les civilisations précolombiennes ?

J.B : Mon grand regret est de n’être jamais allé au Mexique, je cherche d’ailleurs un compagnon de voyage et je profite de cette interview pour lancer un appel aux amateurs !

Merci Jean, pour ton accueil chaleureux et le temps que tu nous as consacré !

J.B : Merci à toi d’être venu...

Jean Bigot est un personnage étonnant. Ce pharmacien à la retraite, marié, 3 enfants, est musicien organiste, photographe amateur et collectionneur d’anciens appareils NIKON. Il parle couramment l’hébreu, l’allemand et l’arabe classique. Il possède également une vaste collection de codex au format DVD, numérisés par ses soins (un travail de titan !), fruit de 25 années de passion. Il trouve aussi le temps de dessiner et de reproduire par exemple cette page du codex Fejérvary Mayer…