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I. SITE ET FONDATION (Robert Chantin)

mercredi 22 septembre 2004, par Annette LEFEBVRE

Saint-Pétersbourg est la seule grande ville européenne créée de toutes pièces il y a moins de 300 ans, sur un site dont la position géographique constitue une porte ouverte sur l’Ouest scandinave et germanique, mais d’une nature particulièrement ingrate, que seule une farouche volonté politique dompter.

I- SITUATION ET SITE de Saint-Pétersbourg

1- La future capitale est nichée au fond du Golfe de Finlande. Cette position représente, pour une Russie encore totalement enclavée, la seule ouverture maritime possible. Son contrôle fut assuré au 17e siècle par une série de guerres contre la Suède qui était jusque-là la puissance régionale dominante.

2- Le site proprement dit est constitué par le delta marécageux de la Neva. La charge alluvionnaire de celle-ci s’accumule, car la situation de fond de golfe exclut leur évacuation par des courants marins, d’où un accès maritime rendu difficile par la multitude d’îlots et de hauts fonds sableux. De plus, le fleuve est pris par les glaces cinq mois durant. L’arrière-pays est dominé par les dépôts glaciaires, argileux, sableux ou morainiques, parsemés de marais et tourbières. Ces sols acides sont peu fertiles.

3- Le climat est déterminé par la proximité de l’influence continentale de la Russie centrale, mais aussi par l’influence atlantique qui, pénétrant par la Mer Baltique, parvient à certaines saisons jusqu’au Golfe de Finlande. Cela engendre de forts et brutaux contrastes, avec un hiver dominé par l’air arctique sec et froid après les neiges de décembre, un printemps fantasque, alternant redoux et coups de froid, un bref été chaud mais orageux, enfin un automne capricieux, généralement fortement arrosé. Les cumuls de précipitation sont en moyenne voisins de ceux de Chalon ( de l’ordre de 700 mm), la moyenne de juillet est de 17-18°, celle de janvier de -8°. Les extrêmes absolus enregistrés sont de -36° et +34° (sous abri !).

II- UNE VILLE NEE D’UN PROJET POLITIQUE

1- Contexte d’expansion russe vers l’Ouest et le Nord-Ouest contre la Pologne et la Suède.

2- Rôle de Pierre Ier le Grand (1682-1725), issu de la dynastie des Romanov qui dirigea la Russie de 1613 à 1917. En 1697, il visite incognito l’Europe (Hollande, Angleterre, Autriche) afin de découvrir les formes de modernité qui s’y développent. Autocrate réformateur, il veut faire de son royaume un Etat moderne sur le plan économique.

3- Conscient que toute économie moderne pratique l’échange commercial, le tsar veut participer aux flux commerciaux intenses qui font de la Baltique un des centres commerciaux du monde. D’où son projet de faire du fond du Golfe de Finlande conquis à la fin du 17e siècle une porte ouverte sur l’Europe marchande et les influences culturelles venues de l’Ouest. La ville naît donc d’un projet géopolitique, économique et culturel.

III- UNE VILLE CREEE DE TOUTES PIECES

1- Le 29 juin 1703, jour de la Saint Pierre et Paul, les fondements de l’église initiale sont posés dans l’enceinte de la future forteresse éponyme. Le nom identifie le Tsar au fondateur de l’Eglise chrétienne.

2- La construction de la ville est rapide, la pierre remplaçant rapidement le bois. L’oukaze de 1714 impose à chaque navire à l’accostage, à tout chariot venant de l’intérieur, de contenir des pierres de construction. Il reste opérant jusqu’en 1779.

3- En 1712, la ville est proclamée capitale de la Russie ; les organes de pouvoir, la Cour, les bibliothèques, les musées y sont transférés, non sans réticences de la part de l’élite politique, peu attirée par cette ville en chantier. Les règnes suivants (Elisabeth Ière et Catherine II) poursuivent son œuvre de bâtisseur d’un capitale prestigieuse, intégrant ce qui se fait de plus beau à travers l’Europe.