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Un artiste, un tableau (V)

lundi 4 novembre 2013, par Jean-Olivier SAIZ

Où l’on découvre que la peinture ne met pas toujours en valeur...

Las viejas de Goya (1808-1812)

Miroir, miroir, qui est la plus belle ? Certainement pas la vieille femme de ce tableau.

Au début du XIXème siècle, la guerre d’indépendance fait rage en Espagne. Goya, alors peintre officiel à la cour du roi Charles IV, n’a plus aucune commande : tous les nobles ont quitté le pays, effrayés par Napoléon qui vient de placer son frère sur le trône !

Dans son ennui, Goya décide de peindre Les Vieilles. Tandis que la femme de gauche semble incarner la mort, et que l’atmosphère générale du tableau est lugubre, celle de droite, ridée, semble plutôt satisfaite du reflet que lui renvoie le miroir.

Goya est le peintre des ténèbres. Témoin des changements qui ont affecté son pays, il s’oriente vers une peinture très sombre, comme ici, où la mort fait partie du tableau.

En regardant de plus près, cette femme n’a pourtant rien d’une mourante à l’agonie : elle est richement vêtue et maquillée. Son bijou de cheveux attire l’attention...

Il y a comme une impression de déjà-vu. Goya a réalisé, à de nombreuses reprises, le portrait de Maria-Luisa, alors reine d’Espagne. Et là, stupeur ! Le bijou est identique dans les deux tableaux. C’est donc un subtil rappel à la Reine d’Espagne.

Goya, comprenant la menace qui plane sur la famille royale, avait donc décidé de peindre un portrait un peu particulier de la Reine, illustrant la possible fin de la Monarchie.

Mais bien que la toile fasse peur, elle est aussi très amusante ! On y découvre l’humour grinçant du peintre. Ainsi s’amuse-t-il au jeu des neuf différences et oppose systématiquement les deux femmes : l’une a les cheveux couverts d’une mantille, l’autre les cheveux nus ; l’une a des cheveux noirs, l’autre blonds ; les yeux noirs, les yeux rouges ; le nez de cochon, le nez de sorcière ; une bouche sans dent, de grandes dents blanches un peu avancées ; le menton court, le menton en galoche ; la robe montante, la robe décolletée ; les bras nus, les bras couverts ; la robe noire, la robe aux reflets bleutés…
Et que dire de ce vieil homme barbu ? Il est Chronos, dieu du Temps dans la mythologie grecque mais aussi la Mort, traditionnellement représentée avec une faux. Goya troque l’instrument avec un balai : la Reine ne sera pas fauchée comme les blés mais balayée comme une poussière !

Mais qu’on se rassure, ce tableau n’avait rien d’immédiatement prémonitoire : à la chute de Napoléon, le fils du roi d’Espagne fut rétabli sur le trône. La Reine pouvait vieillir tranquille. (Source : Artips.fr)

- Fiche pédagogique du tableau par le Palais de Lille

- Fiche Larousse sur Goya

- Les autres secrets du tableau dévoilés dans la vidéo "Les dessous des vieilles"...

Découvrir les autres articles de la série :

- Un artiste, un tableau (I)
- Un artiste, un tableau (II)
- Un artiste, un tableau (III)
- Un artiste, un tableau (IV)
- Un artiste, un tableau (V)
- Un artiste, un tableau (VI)